Quelle part de la population occupe des emplois qui n'ont aucun sens et qui, s'ils disparaissaient, ne feraient aucune différence ?
Les gens sont collectivement aliénés dans une Vème République qui n'en finit plus d'asséner le même discours sur l'économie dans les universités, dans les écoles, un peu partout, la pensée globalement acceptée qui sert des intérêts financiers, à qui profite ce système, celui-là même qui vise à "libérer les énergies" et "rester compétitifs". La responsabilité des medias de masse est écrasante et les effets sont observables. La donne a changé avec la diversité des canaux médiatiques et l'obscénité des gouvernements des républiques corporatistes.
L'apparition de mots comme "gouvernance" et "sociétal", mal définis, utilisés à tout bout de champs pour des désignations floues, – ce à quoi les imbéciles opposeront que "la langue doit évoluer", dans ce cas pourquoi pas "gouvernage" ou "sociétude" – sont d'autres indicateurs que l'éditocratie, les médias et leurs plateaux de clowns sont devenus des machines de domination culturelle ; Dépouiller la classe populaire de langage facilite l'appropriation du droit d'expert autoproclamé : celui de produire de nouveaux mots et d'en réemployer d'autres pour en détourner le sens. Le vocabulaire en question autour de 2010 était assez réduit : on trouvait notamment au côté de "gouvernance", l'apparition de la "crise" et déjà bien habitué à la "réforme", le mantra de la "croissance", les termes en post- (industriel, colonialisme), feuille de route, mobilisation, et enfin islamisme, qui présente l'avantage de rimer avec terrorisme.
Le vernis savant permet à une classe de signifier qu'elle conserve un rang, le droit du savoir et de la pédagogie pour un vaste parterre d'abrutis. Voilà la société proprement stratifiée, régie par les experts, unidirectionnelle, superposant les savoirs avec les positions. C'est dans cette optique que la domination, l'endormissement (voire le gazage) des masses devient la prérogative pour maintenir l'ordre établi.