Un plan, une initiative, un début d'initiative pour remplacer les systèmes d'exploitation qui équipent les hôpitaux ?
Cet été dans une salle d'attente, lors d'une prise rendez-vous : "on doit attendre, l'ordinateur démarre, la mise à jour prend parfois 10mn (il veut dire 15 ou 20)." "Je peux vous laisser patienter" ajoute-t-il.
La fois précédente, c'est à la fac de parodontologie, aux urgences dentaires, à la veille du premier confinement, que l'interne attend que sa machine démarre pour, avant de commencer quoique ce soit, coder les actes. Ça dure tellement longtemps qu'il est trois fois prêt et se met, vraiment cette fois, à attendre…
L'an dernier deux internes essayent de prendre une radio (clic, clic, clic…) et l'un dit à l'autre : "attends, là il faut faire ctrl+alt+suppr puis sélectionner le processus citrix, puis arrêter le process…" et ça dure ainsi pendant encore dix bonnes minutes.
Situation complètement absurde et alarmante : cela veut dire que le personnel n'a pas la maîtrise des systèmes dont ils sont équipés, et qu'on les encourage à utiliser des systèmes fermés dont ils deviennent esclaves.
Les gendarmeries avaient mis un peu de temps à effectuer le virage vers des systèmes libres, qu'ils auront depuis, je suppose, su adapter à leurs nécessités.
Bien entendu, il existe un volume de business généré par les entreprises qui font leur chiffre en vendant des logiciels médicaux aux établissements (donc à l'État). Quelle est la part de programmes ouverts qu'ils utilisent (au hasard ceux de codage des actes) ? Quelle peut bien être l'estimation annuelle du coût des licences ?
Toutes ces questions me font réaliser qu'au lieu de voir les budget s'évaporer en licences, il serait plus pertinent de répartir et de coordonner un GT système composé d'un groupe d'informaticiens dans le secteur médical — ceux qui ont par exemple, la responsabilité d'une base de données dans un CHU — pour dresser un inventaire et un coût des applications par établissement : cela veut dire investir un peu pendant trois ans pour ensuite stopper collectivement et définitivement cette dissipation d'énergie et de dépenses, et accroître solidement les compétences des responsables dans les établissements.
Le même genre d'organisation et de coordination fonctionnerait dans les établissements scolaires, où là encore microsoft fonctionne sur le modèle du dealer en délivrant des licences gratuites. Les groupes n'ont pas besoin d'être très grands et trouver l'équipe d'informaticiens dans différentes académies qui consacrent du temps pour mettre en place un plan de gestion des parcs informatiques scolaires est non seulement un travail gratifiant et salutaire qui permet aussi de gagner des compétences, qui ne présente pas de surprises majeures ou des difficultés insurmontables (en tout cas moins que de cautionner des tombolas du genre parcour'sup) et qui n'aient déjà été traitées. Mais voilà : des applications fermées ne fonctionnant que sur windows et pas dans wine doivent être remplacées…
Il est toujours temps de regagner la maîtrise sur les systèmes en places. Qu'est ce qui explique que les gendarmeries aient franchi le pas et pris une décision qu'avec le temps on peut confirmer comme étant la seule rationnelle, mais que les écoles et les hôpitaux dussent subir le pourissement de cette situation. La pression de lobbies ? Lesquels ? Avec des applications de plus en plus développées sur les autres systèmes en lignes que sont les navigateurs web, il y a de moins en moins de dépendances vis à vis de cet OS, qui passe son temps à faire on ne sait quoi et dont on pourrait se désencombrer, à défaut de quoi tous les discours sur les souverainetés nationales des données ne sont que du vent.
Pour ma part, je possède un raspberry pi mini qui boote, opérationnel, avec écran clavier souris, pile réseau, environnement graphique et système de fichier sécurisé en 32sec, et quand je dis opérationnel ça veut dire avec lequel on puisse travailler, sans attendre la fin d'un sablier ni l'arrivé d'un trombone en vélo.
A la grande table des idées, Coralie Lemke, journaliste scientifique agite le risque qui pèse sur les données de santé des hôpitaux, confirmé par le hack d'un établissement en février dernier.
Alors à quand du libre dans les hôpitaux ?